Consciente qu’elle rivalise avec les plateformes étrangères, Télé-Québec a voulu offrir un produit de qualité en se donnant les moyens de ses ambitions.
Fort des investissements exceptionnels du gouvernement du Québec, le diffuseur public propose LIAM, une série en 12 épisodes qui s’adresse autant aux jeunes qu’aux adultes.
L’histoire n’est pas nouvelle: un androïde qui se met à avoir des sentiments, alors que son créateur ne l’avait pas conçu pour ça.
Dans ce cas-ci, l’androïde s’appelle LIAM, comme dans «Laboratoire d’Intelligence Artificielle Mondiale». Conçu dans le plus grand secret par un couple de scientifiques dans un grand laboratoire, il doit être dévoilé publiquement lors d’une Expo-sciences.
Alors que son «père», le Dr Jacob Wood (Steve Laplante), insiste pour qu’il demeure insensible, sa «mère», la Dre Hélène Vincent (Bianca Gervais), l’aime comme son propre fils, au moins d’espérer le voir exprimer des sentiments.
Cette dichotomie dans le couple de scientifiques créera d’intenses frictions quand Hélène aidera LIAM à prendre la fuite pour vivre dans le vrai monde et éviter la réinitialisation à laquelle le destine le Dr Wood.
À l‘extérieur, LIAM apprend à vivre comme un humain, à agir, réagir et penser comme un humain. Un défi qui comporte d’énormes risques pour l‘adolescent doté d’un cerveau superpuissant, lui permettant de parler toutes les langues du monde et d’emmagasiner l’information à la vitesse de l’éclair.
Son intérêt se porte d’abord et avant tout sur Rafaële (Milya Corbeil Sauvageau), qui éveille en lui de nouvelles pulsions et l’aide à s’enfuir. Fille du propriétaire (Pierre-François Legendre) d’un gîte touristique qui accueille temporairement de jeunes surdoués en sciences, elle permet à LIAM de se glisser parmi eux, une cachette parfaite pour l’androïde activement recherché.
Coautrice avec Benoit Pelletier et productrice, Marie-Hélène Lebeau-Taschereau précise que LIAM n’est pas un plaidoyer contre l’intelligence artificielle mais une réflexion sur ceux qui la contrôlent et sur ce qui restera de nous, les humains, quand l’IA aura atteint son plein potentiel.
Le réalisateur Jean-Sébastien Lord annonce de son côté avoir voulu faire des clins d'œil à certains films de science-fiction, notamment de Steven Spielberg.
Alfred Poirier, que les fidèles de la série Les armes connaissent pour son rôle d’Ivan, le fils de Louis-Philippe Savard, insuffle beaucoup de crédibilité au rôle de LIAM. Sans jamais tomber dans la caricature du robot qui parle en robot, il bouge avec un peu moins d’aisance qu’un humain, assez pour nous faire comprendre qu’il n’en est pas un. Mais c’est très subtil.
Après tout, LIAM vaut plusieurs milliards de dollars et est considéré comme «la plus prodigieuse invention de l’humanité», rien de moins.
Mon passé peu glorieux d’exposant à l’Expo-sciences au secondaire – mon kiosque présentait le béluga! – m’a fait reconnaître celle de la série, qui regroupe de réels jeunes exposants. Le robot lanceur de balles de ping-pong, que vous verrez, a bel et bien été présenté à une Expo-sciences.
KOTV produit pour Télé-Québec depuis 10 ans, d’abord avec Conseils de famille puis Le pacte. La boîte de production a d’ailleurs vendu les 48 épisodes du Pacte à Canal+, qui a fait doubler la série en français de France. Allez voir les extraits sur le site de la chaîne française, vous allez vous marrer.
KOTV souhaite évidemment vendre LIAM à l’international.
Que la série porte l'étiquette de série jeunesse n’a pas beaucoup d’importance. D’abord parce qu’elle a été financée comme une fiction pour adultes et qu’elle peut rivaliser avec bien des séries dites pour adultes qu’on voit en ce moment sur les autres chaînes.
La production a notamment fait appel à une firme d’effets spéciaux, A.A. Studios, et à son propriétaire Marc Hall.
Puisqu’on s’adresse principalement à un public qui consomme sa télé sur les plateformes numériques, l’intégrale de la série sera déposée le 6 décembre sur le site et l’application de Télé-Québec. Les téléspectateurs qui voudront la suivre à la télé pourront le faire au quotidien, du 9 au 20 décembre à 17h30.
La même stratégie avait été adoptée pour Le 422, précédente série du genre à avoir été diffusée en rafale durant la période des Fêtes.
Une aide financière du Fonds Shaw a également permis à la production d’organiser une tournée dans trois villes du Québec, Sherbrooke, Gatineau et Québec, où les premiers épisodes seront présentés aux élèves de trois écoles. Montréal a droit à son tapis rouge et à une projection au Cinéma IMAX du Centre des sciences.
Une deuxième saison pourrait voir le jour, mais serait diffusée dans deux ans. Il n’est pas exclu qu’on présente une autre série en rafale pour la prochaine période des Fêtes.
Bien sûr, la vice-présidente des contenus de Télé-Québec, Nadine Dufour, espère un financement récurrent du gouvernement du Québec, afin d’assurer une programmation jeunesse de qualité, entre autres, pour encore plusieurs années.
FINALES TRÈS SUIVIES
C'était semaine de finales dans notre télé.
De tous les derniers épisodes avant les Fêtes, c’est Dumas qui a le mieux performé avec 948 000 téléspectateurs sur ICI Télé, contre 657 000 pour Les armes à TVA, lundi à 20 h.
Le même soir à 21 h, Alertes a été vue par 681 000 habitués à TVA. Plus tôt, la finale de Discussions avec mes parents a attiré 800 000 fidèles sur ICI Télé.
Mardi, les très touchants adieux d'À cœur battant ont retenu 799 000 fans sur ICI Télé.
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